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Prolifération précoce de microalgues, l'Ifremer appelle les citoyens à ouvrir l'oeil

La décomposition de la microalgue Mesodinium rubrum a provoqué un bloom vert Bretagne Sud en plein hiver. Crédit : CNRS, Marc LONG

Des efflorescences de microalgues ont provoqué des eaux de couleur verte dès le 18 février en baie d’Audierne (29). Une première et une précocité exceptionnelle qui rappelle que les efflorescences de microalgues sont imprévisibles et plus encore dans le contexte du changement climatique.

Les eaux colorées apparaissent normalement au printemps lorsque les conditions d’ensoleillement et de température de l’eau sont favorables.
Cette année, une nappe de couleur rouge-lie de vin a été détectée début février au large de la Bretagne Sud sur des images satellites. Ces microalgues en cours de décomposition ont ensuite dérivé vers les côtes de Bretagne sud, provoquant des eaux vertes signalées mi-février à l’Ifremer.
Mesodinium rubrum, l’espèce concernée, n'est pas toxique pour la consommation, ce bloom n’a pas eu d’impact sanitaire.

La recherche et la surveillance sont essentielles pour anticiper et limiter leurs impacts potentiels sur la biodiversité marine, les activités et la santé humaine.
Dans cet objectif, l'Ifremer appelle les citoyens à contribuer en signalant de phénomène de mer colorée (verte, brune, rouge…).

Depuis 10 ans, Phenomer, programme de sciences participatives unique en Europe, permet l'étude des eaux colorées. Il s'étend à toutes les façades maritimes de l’Hexagone grâce à des structures relais (voir la carte).
Pour chaque signalement, il est nécessaire de prendre une photo et idéalement de réaliser un prélèvement d’eau pour permettre aux scientifiques d’identifier l’espèce à l’origine du phénomène.

Nous ne pouvons malheureusement pas effectuer nous-mêmes les prélèvements partout en temps voulu. Les eaux colorées sont éphémères et peuvent être éloignées d’une station Ifremer.
C’est pourquoi nous incitons les citoyens témoins d’une eau colorée à en prélever une petite quantité dans une bouteille ou une gourde vide et à l’apporter dès que possible à la station Ifremer ou à la structure-relais la plus proche.
Nul besoin de la mettre au frigo, mais l’échantillon est à garder à l’abri de la chaleur et de la lumière,
Anne Donner, coordinatrice du programme de sciences participatives Phenomer.

En 10 ans, plus de 550 signalements d’eaux colorées ont été enregistrés (53 en 2022).
Fin juillet 2021, une efflorescence de Lingulodinium polyedra dans l’embouchure de la Vilaine a été signalée et suivi par le réseau de surveillance pendant 6 semaines. Une publication scientifique parue récemment révèle le caractère exceptionnel de cet épisode par l’importance de son étendue (environ 3200 km2), sa durée et ses concentrations en microalgues inégalées sur nos côtes (jusqu’à 3 600 000 cellules par litre d’eau).
En cause, les précipitations inhabituellement élevées de la mi-juillet et l’augmentation conséquente des débits de la Loire et de la Vilaine ont vraisemblablement fourni des nutriments aux microalgues.

De cette efflorescence subsiste probablement une grande quantité de kystes, c’est-à-dire des microalgues en dormance, déposés dans les sédiments. Si les conditions sont à nouveau réunies cette année, d’autres eaux colorées liées à cette espèce pourraient survenir d’ici à la fin de l’été.

Télécharger l'application Phenomer - Le site Phenomer

Publié le