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Ifremer, des hotspots de plastiques en Méditerranée

Image extraite de la vidéo d'Ifremer réalisée dans les canyons méditerranéens © Ifremer/RAMOGE Explorations 2018 - article AGENDAOU

Dans une publication d'avril 2020, une étude à laquelle a participé Ifremer révélait la présence de microplastiques dans les grands fonds, des concentrations baptisées hotspots par les scientifiques.
Sur les 10 millions de tonnes de déchets plastiques rejetés dans les océans chaque année, 99 % se retrouvent donc concentrés sur ces hauts-fonds marins.
Une toute récente étude montre que la Méditerranée n'est pas épargnée avec des sites inaccessibles, impossibles à dépolluer.
La prévention reste donc la seule solution!

En septembre 2018, une équipe de scientifiques a mené une étude grâce au submersible Victor 6000 sur la présence de déchets marins et de microplastiques jusqu’à 2200 m de profondeur, en Méditerranée.

On sait qu’il y a des zones d’accumulation de déchets au large, mais c’est la première fois que nous menons des mesures aussi précises à de telles profondeurs en Méditerranée, avec des vidéos proches du fond et des prélèvements dans les sédiments...

... 95% des déchets marins finissent sur le fond, la pollution de surface n’est que la "partie émergée" de l’iceberg,
François Galgani, chercheur à l’Ifremer, spécialiste des plastiques

 La Méditerranée est donc aussi concernée par ces hotspots de plastiques dans des zones où les déchets sont impossible à collecter. Il s'agit notamment de sept canyons sous-marins situés entre la France, Monaco et l’Italie en mer Ligure au large de Saint-Tropez, Nice, Cannes ou Monaco.

Cette pollution plastique provient de la terre et de ces zones où la pression touristique est forte. On y retrouve des gobelets, des bouteilles, des ballons et objets de plage...
Voir la vidéo

Ces déchets urbains sont dominés par les plastiques. Les canyons jouent un rôle de conduit, les déchets descendent vers les grands fonds sous l’effet des courants marins.
Plus au large, au niveau des monts sous-marins, les déchets sont de nature différente, davantage liés à la pêche, avec des lignes perdues ou des filets,
Michela Angiolillo, chercheuse à l’ISPRA et auteur principale de la publication

Une étude publiée le 10 juin montre que ce sont les emballages alimentaires et les déchets de pêche qui sont les plus représentés avec une répartition différente selon que les pays sont en développement (plastiques alimentaires) ou industrialisés (engins de pêche).

Cette accumulation de déchets a un impact sur la faune -coraux, gorgones- qui peuplent des grands fonds.

70% des déchets ont une interaction avec la faune vivant sur le fond: soit les espèces se servent des déchets pour se fixer et accroître leur zone d’habitat, soit elles sont victimes de blessures, d’étranglement, d’emmêlements.
On ne s’attendait pas à trouver un pourcentage si élevé,
Olivia Gérigny, chercheuse à l’Ifremer

L'étude publiée en avril 2020 montrait comment les courants marins profonds transportent les fragments de plastique sur le fond marin jusqu'à des hotspots de microplastiques où les scientifiques ont relevé jusqu'à 1,9 million de morceaux sur un mètre carré.
Les fibres provenant de textiles et de vêtements et qui passent les filtres des stations d'épuration, y sont largement dominantes.
On estimait alors que seul 1% des déchets plastiques restent en surface. Les 99 % restants finissent dans les grands fonds à la faveur des courants océaniques.


Nathalie Le Roy - Visuels et infographie Ifremer

Publié le