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Entretien des bords de routes, les pratiques évoluent

Photo COEUR Emeraude

COEUR Emeraude, le Département des Côtes d’Armor et l’entreprise Agrioservices organisaient cette semaine une démonstration de broyeur exportateur des accotements des bords de routes.

Le département des Côtes d'Armor, accompagné par COEUR Emeraude, œuvre pour une gestion plus appropriée à la biodiversité des bords de routes, tout d’abord par la mise en œuvre d’une gestion par fauche tardive des accotements depuis 2001, et depuis 2019 par l’expérimentation de la gestion différenciée, visant à conserver une part de la végétation en hiver.
Olivier Massard,
Chargé de mission Biodiversité - Pôle Eau, Agriculture et Biodiversité

Cette technique visant à ne plus laisser les herbes coupées en bord de routes, particulièrement développée dans certains pays comme l’Allemagne, la Belgique, la Suisse, l’Autriche et la Hollande, nécessite un matériel spécifique, dont l’entreprise Agrioservices vient de faire l’acquisition.
Technicien et élus du Bassin Rance Émeraude étaient invités mardi dernier à une démonstration et à échanger sur le sujet.

En route vers des pratiques vertueuses et innovantes

En enrichissant les sols, les coupes régulières opérées traditionnellement (végétaux laissés sur place) ont favorisé le remplacement des plantes à fleurs par des graminées.
Afin de favoriser la biodiversité des bords de routes, le retrait du broyat qui limite l’enrichissement du sol, permet la réapparition des fleurs dans les fossés et de toute la petite faune butineuse qui y est associée.
Ce retrait limite aussi le comblement des fossés, ce qui réduit les opérations de curage et représente une conséquente économie.
Cette pratique limite également l’eutrophisation des cours d’eau.

Les explications d'Olivier Massard

Quand on fauche sans exporter l’herbe en bord de route, elle reste sur place, se décompose et relâche dans le milieu l’azote qui la compose.
D’année en année le sol devient de plus en plus riche en nutriment et alors les plantes les plus compétitives pour se développer en présence d’azote, les graminées notamment, vont se développer fortement au détriment de la diversité floristique, dont les plantes à fleurs.
C’est un peu comme dans un jardin bien fertilisé, si on ne désherbe pas, l’herbe va s’y développer et prendre le dessus sur les légumes.
Par ailleurs la matière qui se décompose va progressivement combler le fossé, un peu comme un compost, la matière que l’on y met se tasse, se décompose et à la fin, il reste du terreau qui s’accumule au fur et à mesure des apports.
Enfin, une part de l’azote liée à la décomposition de l’herbe, devenue soluble dans le sol, peut être emportée par les pluies dans l’eau des fossés qui conduisent l’eau jusqu’aux rivières puis à la mer...

Le retrait des herbes fauchées en bordure de routes, une pratique vertueuse...

Pour la biodiversité: la coupe traditionnelle a favorisé l'apparition d'une faune indésirable (pucerons, campagnols, mouches du maïs). La coupe avec retrait permet la réapparition d'insectes pollinisateurs en remplacement de ces nuisibles. 
Pour le porte-monnaie: les herbes de coupe ne venant plus combler les fossés, le besoin de curage est diminué de 30 à 50% selon les études, ce qui est une économie loin d'être négligeable en plus d'être vertueux en terme de bilan carbone.
Par ailleurs, ces herbes peuvent devenir des matières premières compostables ou utilisables dans des méthaniseurs.
Pour la lutte contre les allergènes: Les graminées qui prolifèrent en zone de coupe traditionnelle sont les végétaux les plus présents sur les bords de route (environ 70% du recouvrement du sol).
Ils sont la source de nombreux problèmes d’allergies qui d’apparence bénignes peuvent être sévères et qui sont toujours gênantes voire invalidantes.
Pour la lutte contre les algues vertes: moins d'azote dans les ruisseaux, c'est moins d'azote dans les bassins versants et donc moins de facteurs permettant la prolifération des algues vertes.


/!\Ceci ne vaut que pour les bords de routes et non pour les pelouses, stades et espaces verts pour lesquels le Mulching reste la meilleure pratique.

/!\il faut au préalable à toute coupe nettoyer les plastiques et autres mégots lancés par les imbéciles malfaisants depuis leurs véhicules.


Sources: COEUR Emeraude et Couesnon Marches de Bretagne
Allez plus loin, avec la très intéressante Etude sur le fauchage avec exportation des bords de routes par Henri Pierre Rouault


NLR

Publié le