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Elisabeth et Gérard Garouste, l'Art à la Source, Exposition Estivale à Dinard

Dinard

Du 9 juin au 6 octobre 2024, la ville de Dinard réunit pour la première fois la designer Elizabeth Garouste et le peintre Gérard Garouste dans une même exposition, déployée sur deux espaces, la Villa «Les Roches Brunes» et le Palais des Arts et du Festival.
PALAIS DES ARTS ET DU FESTIVAL 9 JUIN > 1er SEPT.
VILLA LES ROCHES BRUNES 9 JUIN > 6 OCT.

Commissariat d'exposition
Laura Goedert, historienne de l’art et responsable des expositions, ville de Dinard
Stéphanie de Santis Garouste, historienne de l’art.

Visite vidéo de l'exposition

À la croisée de diverses disciplines artistiques, l’exposition «Elizabeth & Gérard GAROUSTE, L’ART À LA SOURCE» offre un dialogue inédit entre les œuvres de ce couple de créateurs exceptionnels.
Par une approche plurielle qui fait appel au design, à la sculpture, au dessin, à la gravure et, bien sûr, à la peinture, la rencontre des deux artistes explore un creuset fertile, où s’épanouissent deux processus créatifs qui ne cessent de s’alimenter, dans un complexe et passionnant échange.
Une exposition en dialogue avec les œuvres des enfants de La Source Garouste
et des artistes associés.

Comment la vie de couple participe-t-elle au développement des individualités? Comment l’œuvre se construit-elle et quelle est l’influence subjective de l’autre dans la recherche plastique?
Défricheurs de liberté, créateurs de «curiosités», Elizabeth et Gérard Garouste placent l’absence de tiédeur au centre du langage plastique pour éprouver nos habitudes et convoquer l’insolite.
Dans une vision contemporaine nourrie par une beauté étrange à la frontière entre le connu et l’imaginaire poétique, le travail de la designer dialogue avec celui du peintre par la recherche d’une esthétique familière et déroutante.
Photo Hugo Miserey


Rassemblant plus d’une centaine d’œuvres issues de collections privées et publiques, l’exposition offre une plongée dans l’univers inclassable de deux créateurs inspirés.

Du Palais des Arts et du Festival à la villa Les Roches Brunes, le projet ambitionne de retrouver la joyeuse cohabitation des œuvres hétéroclites des deux artistes, à l’image de leur atelier familial normand.
Aux grands formats et œuvres graphiques qui rayonnent autour de La Dive BacBuc, monumentale installation de Gérard Garouste présentée au Palais des Arts, une scénographie plus intimiste est proposée dans l’écrin des Roches Brunes.
Objets décoratifs, peintures, sculptures ou mobilier construisent de nouveaux récits familiaux, jouant avec le concept muséographique de «period rooms», ou revisitant la notion de «maison d’artistes».

Favoriser l’épanouissement de l’enfant et l’éveiller à l’art, c’est cultiver sa sensibilité, son imagination, son intelligence, dans la perspective d’en faire un être qui désire,
Gérard Garouste

Visites commentées du jeudi au dimanche inclus : à 11h30 à la Villa Les Roches Brunes + à 15h au Palais des Arts et du Festival


Elizabeth GAROUSTE

Une créativité libre, empreinte de continuité historique

Je suis en opposition avec l’idée de l’architecte Adolf Loos selon laquelle l’ornement est un crime et, comme le peintre Henri Matisse, j’aime créer de la fantaisie, du décor, pour exprimer mes sentiments.

Elizabeth Garouste (née Rochline) est une designer et architecte d’intérieur née à Paris en 1946 dans une famille de juifs d’Europe de l’Est. Formée à l’École Camondo, elle fait ses débuts comme décoratrice de théâtre avant de se consacrer au design.

À la fin des années soixante-dix, elle collabore avec son mari Gérard Garouste au chantier du Privilège, restaurant de la célèbre boîte de nuit Le Palace. À cette occasion, elle rencontre le designer et photographe d’art suisse Mattia Bonetti avec lequel débute une fructueuse collaboration.

En 1981, leur première collection de mobilier est présentée à Paris, au sein de la maison de design intérieur Jansen.
S’éloignant du fonctionnalisme et du minimalisme à la mode, Garouste & Bonetti développent une esthétique s’appuyant sur des matériaux alors considérés comme démodés tels que le fer martelé, le bronze ou encore la céramique. Leur chaise Barbare séduit le public et devient l’objet iconique par excellence d’un nouvel univers formel : c’est le début de la «mode barbare». 

De 1982 à 2000, le duo de créateurs va faire table rase des «bons» principes du modernisme et multiplier les expériences créatives pour s’affirmer dans le monde du design et de la décoration en prônant le retour aux arts décoratifs. Les «nouveaux barbares» aménagent les boutiques du couturier Christian Lacroix, repensent le décor intérieur du château de Boisgeloup pour Bernard Picasso ou revisitent la mythique carafe Ricard. Ils se voient également confier la nouvelle collection Trapani (verrerie, vaisselle, meubles, lampes et miroirs) pour la cristallerie Daum et Lieux Éditions ainsi que l’habillage de la ligne de maquillage Le Teint Ricci puis, quelques mois plus tard, celui des produits cosmétiques Les Belles de la même maison.
En 2000, après vingt ans de riches collaborations, le duo conçoit son dernier projet commun : les décors du nouveau tramway de Montpellier.

Les créations de Garouste & Bonetti ont fait l’objet de nombreuses expositions à travers le monde. Le musée Guggenheim à New-York, le Victoria & Albert Museum à Londres, La Grande Halle de la Villette ou le Centre Pompidou à Paris sont autant d’institutions qui ont participé à la notoriété d’un nouveau « style » dont la synthèse s’exprimera au Grand Hornu (Belgique) lors d’une vaste rétrospective faisant la lumière sur vingt ans de créations communes.
Depuis 2002, tout en gardant son ancrage dans la tradition des arts décoratifs, Elizabeth Garouste développe un langage artistique singulier et déploie son talent à donner vie à un univers foisonnant de créatures inédites, une ménagerie imaginaire qui mêle habilement des formes végétales et animales. Dans une démarche instinctive aux allures d’art brut, elle se nourrit de références aussi bien savantes que populaires tout en puisant dans ses rêves et ses peurs enfantines. Elle façonne un corpus d'une inventivité sans cesse renouvelée, souvent incarné par des pièces uniques confectionnées de ses propres mains, et s’exprime aussi bien dans la création de meubles que dans une large gamme de médiums incluant la sculpture, le dessin, la tapisserie ou encore le collage. 

Revendiquant une posture artisanale dans son processus de création, elle travaille sans préconceptions, façonnant le plâtre, sculptant le fer forgé, assemblant les couleurs vives.
Ses travaux sont très régulièrement exposés dans les galeries parisiennes Avant-Scène, Kebati- Bourdet et Grandville Gallery et, à l’étranger, à la galerie Ralph Pucci à New-York, Miami, Los Angeles et Londres.

En 1991, elle fonde avec son mari l’association La Source Garouste qui met l’art au service du social et de l’enfance. Très engagée dans cette action, elle participe activement à son développement.

Gérard Garouste

La peinture comme un mythe de la matière

Ce qui m'intéresse, c'est de susciter un esprit critique, de provoquer des questions, de me débarrasser des concepts de beau et de laid pour dépasser l'impasse de la société moderne.

Traversée de mythes et de récits, nourrie de textes sacrés comme la Bible ou le Talmud, chargée de symboles, l’oeuvre de Gérard Garouste –peintures, sculptures, gravures, dessins, collages– est incontestablement érudite et complexe, tout en offrant, paradoxalement, un dialogue intuitif et immédiat avec le regardeur.
L’écrit infiltre une création qui s’inscrit dans la lignée de la grande peinture figurative et livre un imaginaire foisonnant et déroutant, propice aux interprétations multiples.

Né à Paris en 1946 dans une famille marquée par la guerre, la collaboration et une figure paternelle antisémite, Gérard Garouste entretiendra un rapport profond à l’Histoire comme il l’évoque en 2009 dans L’Intranquille–Autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou.
À partir de 1967, il suit l’enseignement de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Confronté à la radicalité des pratiques conceptuelles, Gérard Garouste s’interroge sur le devenir de la peinture dans sa conception la plus traditionnelle du terme : La peinture c’était quoi après Duchamp? Est-ce qu’il y avait une issue possible? 

Adversaire irréductible d’un strict formalisme, l’artiste refuse de s’adosser aux grandes tendances contemporaines et décide de retourner à «l’origine» de la peinture, celle du Siècle d’or. Il sera donc peintre, pétri par la technique picturale des artistes qu’il a minutieusement étudiés tels que Poussin, Piero della Francesca, Le Greco, Velasquez ou Le Tintoret.
Après diverses expériences comme décorateur de théâtre et metteur en scène, il incarne, dès les années quatre-vingt, une peinture figurative fortement empreinte de mythologies personnelles dont les premières réalisations seront exposées à la galerie Durand-Dessert à Paris. 


La consécration internationale arrivera en 1982 avec une première exposition chez Léo Castelli, mythique galeriste de Broadway. La même année, il est également invité à l’exposition internationale Zeitgeist au Martin-Gropius Bau à Berlin devenant ainsi le seul artiste français exposé lors de la grande manifestation fondatrice de l’art contemporain.
Dès cette première période créative, les personnages rêvés du Classique et de l’Indien, figures allégoriques complémentaires et opposées présentes, selon Garouste, au sein de chaque individu, vont devenir l’une des matrices de son oeuvre. «La raison» et «l’intuition», «l’apollinien» et le «dionysiaque» peuplent les toiles de grandes dimensions qui deviennent le creuset fertile pour une expérimentation des genres traditionnels de la peinture.
Les écrits de (ses) «pères fondateurs» imprègnent aussi très tôt sa peinture. Ainsi, dès le milieu des années quatre-vingt, l’œuvre est traversée par le récit poétique de La Divine Comédie de Dante. 

Rompant avec une figuration «trop habile», la technique picturale se débarrasse du classicisme pour donner naissance à une recherche singulière, dérivant vers une certaine abstraction et des silhouettes à peine esquissées.
La série Les Indiennes, exposée au Capc Musée d’art contemporain de Bordeaux en 1987, fait partie des œuvres réalisées à partir de cette recherche entre l’écrit de Dante et l’image. Elle marquera le début d’une importante reconnaissance institutionnelle qui s’officialisera l’année suivante par une première rétrospective au musée national d’Art moderne à Paris.
S’en suivront de nombreuses expositions personnelles qui ont contribué à façonner la notoriété d’un des plus grands artistes contemporains français : la Fondation Cartier pour l’art contemporain (Paris), la Villa Médicis (Rome), la Fondation Maeght (Saint Paul de Vence), le Musée de la Chasse et de la Nature (Paris), la National gallery of Modern Art (New Delhi) ou, en 2022, une grande rétrospective au Centre Georges Pompidou (Paris).

Depuis 2002, la richesse de ce parcours inclassable se dévoile aussi à travers de régulières expositions thématiques chez son galeriste actuel, Daniel Templon.

À partir de 1994, Gérard Garouste va répondre à des commandes publiques monumentales et réalise notamment des hauts-reliefs en faïence et fer forgé pour le nouveau Palais de Justice de Lyon, le rideau de scène pour le théâtre du Châtelet, des sculptures pour la nouvelle cathédrale d’Évry, des peintures pour la Bibliothèque nationale de France ou encore un décor illustrant le combat de saint Georges contre le dragon pour l’hôtel de ville de Mons (Belgique). Franchissant le temps et les cultures, les oeuvres de Gérard Garouste ne cesseront de se dérober à une interprétation monolithique. Elles sont, depuis le milieu des année 1990, intimement infiltrées par les poèmes, les oeuvres littéraires de Cervantès ou Kafka, les lectures bibliques et les grands récits du Talmud et du Midrach auxquels il consacre une étude érudite.

En dialogue permanent avec une figuration «sans concession», l’artiste nous livre une œuvre énigmatique et magistrale qui en appelle à l’imagination créatrice et curieuse de chacun d’entre nous. 

Gérard Garouste et son épouse Élisabeth avaient un rêve commun, soutenir les enfants en difficulté sociale grâce à la pratique artistique. Ce désir de transmission et de partages va prendre racine dans l’association La Source Garouste, 

un lieu de libération et de création pour donner aux enfants en situation de fragilité des clés pour avancer telles que la tolérance, la découverte au contact des artistes et la curiosité.

La Source Garouste rayonne aujourd’hui depuis plus de trente ans se nourrissant d’une porosité salutaire entre création artistique et action sociale.


La Source Garouste

Il y a trente ans, les deux artistes créent un projet commun qui prend dans leur vie une place tout aussi importante que leurs créations : l’association La Source Garouste.
Convaincus que la création artistique peut soutenir l’action sociale dans sa lutte contre l’exclusion sous toutes ses formes, La Source Garouste porte l’idée que l’art est un acteur fondamental dans la construction de la société et contribue à la valorisation de l’individu dès son plus jeune âge.
L’exposition valorise ainsi également l’action de La Source Garouste et plus particulièrement son antenne dinardaise, La Source Garouste-Hermine, en présentant des témoignages de partages et de rencontres avec les jeunes générations.
À cet effet, des œuvres réalisées par les jeunes sourciers en atelier sont exposées face aux œuvres des artistes qui ont conduit ces projets.

Les artistes associés