Baromètre de l'Education Nationale, le moral des personnels au plus bas
Baromètre des métiers de l’Éducation
Pour la 11ème année, l'UNSA Éducation a sondé les personnels du 1er ministère de France qui est en charge de préparer l'avenir de la Nation.
Les réponses sont inquiétantes.
On s'en doute déjà, les résultats ne sont pas bons. Ils rejoignent en cela les données d'inscriptions aux différents concours qui sont en chute libre.
Baromètre 2023 : crise de confiance et crise démocratique renforcées
Cette année, malgré le contexte social tendu, 34.585 personnels issus des métiers de l’éducation, de la recherche et de la culture ont répondu aux questions de l’UNSA Éducation du 5 mars au 5 avril 2023.
Les résultats sont profondément inquiétants pour notre société : les personnels qui portent les politiques de jeunesse et d’avenir dans notre pays expriment un découragement alarmant. Frédéric MARCHAND, secrétaire général de l’UNSA Éducation
19% seulement conseilleraient leur métier à un jeune de leur entourage
Cette indicateur très pertinent est en chute libre pour des professions qui par le passé étaient prisées. Il est une nouvelle fois en baisse de 3 points par rapport à l’année précédente.
Tout aussi grave, la proportion de personnels qui songent à changer de métier, notamment vers le privé, est en augmentation constante depuis 2016, ce qui met en exergue un problème d’attractivité pour les métiers de la fonction publique.
Les chiffres diffèrent souvent selon l’âge, le genre ou le corps d’appartenance : les conditions de travail se dégradent chez les femmes, notamment en début de carrière et les perspectives de carrière sont jugées particulièrement insatisfaisantes en milieu de carrière, entre 35 et 55 ans.
Une surcharge de travail
La charge de travail est un problème de plus en plus sensible chez les enseignants, mais aussi chez les personnels d’encadrement du ministère de l’éducation, qui ont porté le système à bout de bras pendant la crise sanitaire.
Derrière la priorité constante accordée au pouvoir d’achat, c’est la première fois que la charge de travail dépasse les 50% dans notre baromètre.
91% des personnels se déclarent en désaccord avec les politiques menées dans leur ministère. Combien de temps cette tension peut-elle encore durer?
L’UNSA Éducation, au vu des résultats de l’enquête, questionne la capacité durable de la puissance publique à porter des politiques nationales, après "un premier quinquennat Macron désastreux" pour le dialogue social et la place donnée aux représentantes et représentants du personnel.
Les changements de casting ne suffisent plus quand c’est la méthode descendante, ignorant les difficultés et les réalités du terrain, qui est rejetée, y compris par les chefs d’établissement. Cette méthode, qui s’appuie surtout sur des annonces médiatiques, doit changer et laisser plus de place à une appropriation par le terrain de grandes orientations nationales. La crise de confiance est forte et inquiétante. Frédéric MARCHAND, secrétaire général de l’UNSA Éducation
La crise démocratique inquiète
Les personnels ont placé la crise démocratique en tête des trois mutations sociales sur laquelle l’enquête les interrogeait, devant le virage écologique et la mutation numérique. Ceci interpelle en plein conflit social où des millions de Françaises et de Français ont eu le sentiment d’être ignorés et méprisés par le gouvernement.
Les réponses mettent en avant l'engouement, notamment chez les plus jeunes, pour les nouvelles formes de participation citoyenne et de démocratie sociale, avec une confiance largement établie pour les syndicats, au détriment des formes traditionnelles de démocratie représentative.
La mutation numérique en question
La mutation numérique crée de profonds clivages générationnels chez les personnels, majoritairement réticents à de nouvelles dématérialisations qui entraîne une surcharge de travail.
La transition écologique
Les personnels font remonter que le virage écologique, dans leur école, leur établissement ou leur service, est plus largement le fait de personnels qui s’engagent individuellement que d’une véritable stratégie collective (41% d’efforts individuels contre 12% de véritable stratégie locale d’après les répondantes et répondants).
Face à l’urgence climatique, cette situation doit impérativement changer, la transition écologique doit devenir centrale dans les politiques publiques. Frédéric MARCHAND, secrétaire général de l’UNSA Éducation